Année de Prière : Semaine 15

La Croix de Philippine

Lorsque les RSCJ prononcent leurs vœux de profession perpétuelle, elles reçoivent une croix qu’elles porteront autour du cou. Cette photo nous présente la croix qui a été remise à Philippine ; elle est précieusement conservée dans nos archives, à Rome, depuis 1914.

Bien qu’elle ait passé le siècle dernier dans un écrin, on peut voir d’après son insigne et sa devise qu’elle porte les marques des nombreuses années vécues en mission. Cette croix a été battue par les vents et l’eau salée de l’Atlantique pendant deux mois, lors de la traversée de l’océan en 1818. Année après année, elle a connu des situations rudimentaires, la boue, l’humidité et des conditions météorologiques extrêmes (froid cinglant de l’hiver et chaleur torride de l’été). À maintes reprises, dans des périodes de crise, de déception ou de difficulté, elle a probablement été serrée au creux de mains humidifiées par la sueur ou les larmes, apportant ainsi le réconfort chaleureux de la présence et de l’amour fidèle de Dieu. Elle a atteint de nouveaux territoires, traversé des frontières, passé des heures dans les infirmeries et les salles de classe, vécu dans de modestes cabanes en rondins, à l’étroit et avec des Amérindiens, et connu des heures et des nuits entières de prières silencieuses et sincères.

En 1852, lorsque Philippine était mourante, cette croix a dû sentir que ses années de service touchaient à leur fin. Puis, Anna du Rousier est arrivée en provenance de la France pour se rendre au Chili et créer notre première fondation latino-américaine. Philippine et Anna ont échangé leurs croix de profession ; la croix de Philippine pouvait alors accompagner Anna durant ce long et pénible voyage vers une nouvelle frontière, à marcher pendant des mois sur des chemins et des routes cahoteuses et à être secouée, voire à tomber de son cheval, à chaque fois que celui-ci trébuchait.

Tant de prières, de souffrance, de passion, de fidélité, de courage et d’efforts sont gravés dans cette croix, tout comme le sont l’insigne et la devise. Et, tout comme Philippine se serait rappelée de ses vœux, cette croix nous rappelle paisiblement aujourd’hui son don total d’elle-même et l’appel que nous avons toutes partagé avec elle : consacrer nos vies entières à connaître et à faire connaître l’amour infini du Cœur de Jésus.

Silvana Dallanegra rscj