(Centre Sophie Barat Centre: http://centre-sophie-barat.com/Francais)
Sophie et moi avons entretenu, des mois durant, toute une conversation profonde. J’aimais l’idée d’arriver en France dotée d’une sérieuse documentation, pour y déposer mes questions les plus pointues. Or sur place, tous mes projets sur la profondeur se sont transformés et j’ai abandonné derrière moi le poids des questionnements, les inquiétudes de l’esprit, le souci de la réflexion. Mon cœur restait le seul capable de voir, de sentir, de palper et de percevoir les effluves de ce qui s’était vécu en ces lieux.


Assise sur un bloc de pierre, je contemplai la façade de la maison aux fenêtres et portes bleutées d’où pendaient des vasques de fleurs couleur abricot, j’attendais qu’il fût 2h. et pourtant, 10 minutes avant, je sonnai, et j’eus la surprise de découvrir que Chantal, Ysabel et Ana María m’attendaient, Ce sont trois religieuses extraordinaires de la Congrégation du Sacré-Cœur. La barrière des langues disparut aussitôt car, outre le français, elles s’exprimaient aussi en espagnol ou anglais. Elles m’ont reçue avec infiniment d’affection. Je me suis sentie comme une enfant qui vient visiter une famille connue depuis toujours. Or, ce qui est certain, c’est que je ne les connaissais absolument pas.
J’ai apprécié chacune de leurs attentions : du goûter qu’elles ont si gentiment partagé avec moi jusqu’au parcours semé d’anecdotes qu’elles m’ont fait faire. C’était… comme la narration d’un conte qui faisait place à l’histoire dans le contexte de la France de 1779. La vertu même du conte réussit à te transporter comme dans une machine à remonter le temps et aussitôt tu découvres les personnes en costume d’époque, tu perçois les bruits du quotidien de ce temps, tu sens la température qui passe du chaud au froid et vice et versa, et tu peux humer les senteurs du bois comme de la paille lorsque tu t’approches des colonnes et des murs allégoriques de ton environnement.
Le moment qui m’a le plus parlé a été celui où j’ai imaginé Sophie dans l’escalier bourguignon : je la voyais courir à petits pas et gagner la fenêtre d’où elle pouvait observer les scènes de la rue et entendre les gens. Je compris pourquoi dans ses messages et ses écrits, l’imagination prend une telle place.
J’ai pris conscience peu à peu de l’énergie de la passion des religieuses. J’ai vécu un moment crucial lorsque ma mémoire m’a transportée à Puerto Rico. Je n’écoutais plus que les savants raisonnements des sœurs Madeline, Mari Clemen et Socorro. J’entendais aussi leurs voix ardentes retraçant le projet de 2006 comme partie intégrante de la lettre du Conseil Général des Religieuses du Sacré-Cœur selon laquelle « eduquer est essentiellement un acte de justice ».
Des réflexions surgissaient en moi par moments et je pensais que Sophie était parvenue à réaliser bon nombre de ses désirs. D’abord : toucher les personnes en approchant leur âme de ce Dieu d’Amour dont le sacré-cœur fait un modèle, et secondement les inspirer à partir de l’éducation.







