Nombreux sont les Australiens à rêver de voyager jusqu’au centre de notre territoire et de visiter Uluru, le grand rocher qui s’élève au cœur de notre continent. Cette année, inspirée par le désir d’en savoir davantage sur la spiritualité de notre peuple indigène et encouragée par l’Appel du Chapitre à « atteindre de nouvelles frontières », j’ai décidé de passer ma retraite à Alice Springs. J’ai trouvé là-bas une petite maison de retraite appelée “Campfire in the Heart” [trad. « Feu de camp du Cœur »], gérée par un couple marié, Sue et David Woods, grâce à qui j’ai pu réaliser mon rêve.
Mon voyage à Alice Springs m’a menée d’abord au Parc national Uluru-Kata Tjuta, tle territoire traditionnel du peuple Anangu. Dans cette partie d’Australie centrale, l’histoire des indigènes n’a pas été tout à fait la même que celle des populations indigènes de la côte, qui ont été exclues de leur propre terre. Je me retrouvais pour la première fois aux marges de la culture occidentale et de la culture aborigène ancestrale. Les touristes n’ont pas beaucoup d’occasions d’interagir avec les Anangu, qui vivent dans leur propre communauté fermée, Mutitjulu, loin de la zone touristique. Les visiteurs ne peuvent en apprendre davantage qu’à travers le centre culturel et les guides.

Il a fallu six heures de trajet en bus pour atteindre Alice Springs. J’ai traversé un territoire que nous définissons comme « semi-aride » et qui a cependant permis au peuple Arrernte de vivre pendant des milliers d’années. Ils savent où et comment trouver de l’eau et des fruits comestibles et savent aussi chasser. Au centre, le temps ralentit et le paysage invite à la réflexion et à la prière. Chaque matin, au Campfire of the Heart, les personnes de la résidence se réunissent pour la prière du matin, un rassemblement œcuménique permettant de réfléchir ensemble aux lectures de la journée. Tous les mercredis, un plus grand groupe se réunit autour du feu de camp pour le repas du soir et pour discuter. Margie, une Arrernte d’un âge avancé, nous a raconté une partie de l’histoire de sa vie le soir où j’étais présente. Elle a passé son enfance dans un camp traditionnel et j’ai été frappée non seulement par la complexité des relations, mais aussi par le temps et l’énergie consacrés à faire en sorte que, comme Margie l’a dit elle-même, « tout aille bien ».

Ma retraite au cœur de notre territoire était certainement une « nouvelle frontière » pour moi. Je suis repartie avec une compréhension bien plus profonde de l’immense gouffre qui sépare notre vision occidentale de notre monde de « la plus ancienne culture vivante » de notre planète.
Rita Carroll rscj