Son In Sook

Je suis la troisième enfant d’une famille de cinq. J’ai deux frères plus âgés et deux sœurs après moi. Je suis née le 8 février 1940. En 1963 je suis entrée dans la Société comme pré-postulante et je suis devenue novice à Susono, au Japon, en 1966. J’étais heureuse, mais j’ai souffert à cause de mes difficultés avec l’anglais. Les novices m’ont appréciée telle que j’étais, avec mes expériences. Je me suis rendue compte, en priant Genèse 1, 26-31, que Dieu aimait ce qu’il avait fait et qu’il avait fait la femme et l’homme à son image. L’amour que j’ai rencontré auprès de mes sœurs m’a fait comprendre que Dieu m’aimait et m’a aidé à m’accepter.
 
Comme novice de seconde année, je me suis demandée si je n’étais pas appelée à être une ouvrière comme les autres parmi les pauvres plutôt qu’une éducatrice. Sr Keogh, au retour du Chapitre de 1967, m’assura que la Société se préoccupait sérieusement des pauvres et que notre conception éducatrice s’était élargie. J’ai fait mes vœux en disant que je n’avais rien à donner sinon l’amour que j’avais reçu.
 
Après mes premiers vœux, j’ai été envoyée au Collège universitaire de Chun Cheon et j’ai travaillé comme surveillante de dortoir, tout en essayant de trouver une activité hors de l’institution. J’ai été envoyée auprès de prisonniers et de garçons dans une maison de correction. Ces personnes sont la conséquence du péché social. Elles ont besoin qu’on leur fasse confiance en tant que personnes, pas selon nos attentes. Dans le partage en profondeur avec quelques-uns de ces garçons, j’ai commencé à voir plus clairement la beauté de la personne humaine. Ma perception de la beauté du mystère qu’est chaque personne individuelle ne cesse de grandir.
 
Après la probation en mars 1978 aux Philippines, j’ai rejoint quatre rscj dans une région minière des montagnes de Corée. Nous avions l’idée de partager la vie des pauvres, d’entretenir de bonnes relations de voisinage, de découvrir les besoins du lieu. Mais j’ai senti le besoin d’un travail défini. Ce désir de savoir que je faisais quelque chose pour changer la vie des gens a été source de tension dans ma vie. « Prends ta croix et suis-moi » : cela voulait dire faire de grandes choses, jusqu’au jour où, regardant le crucifix, j’ai vu la vanité de toute cette affaire. Jésus était un homme jeune qui avait entrepris quelque chose de grand. Pourtant, ce fut ce sacrifice ‘ du pur gaspillage ‘ qui révéla la gloire de Dieu. Je ressens toujours cette tension de vouloir voir les résultats et probablement cela durera jusqu’à ma mort.
 
Dans la ligne des besoins de la province, j’ai travaillé à la formation initiale, j’ai été conseillère provinciale pendant neuf ans et provinciale de 1993 à 1999. Puis j’ai pris une année sabbatique aux Etats-Unis, suivant des cours de théologie à Berkeley en Californie. Entre 2000 et 2008, j’ai fait partie du Conseil général.  J’ai accepté ce service comme appel à manifester le visage caché des pauvres, qui ont été les maîtres de ma vie spirituelle.
 
Témoigner de l’action du Christ, “Je leur ai fait connaître ton nom” (Jn 17:26) c’est être éducatrice et c’est ce qui donne sens à ma vie de rscj. La mission éducatrice, c’est trouver les pauvres dans le Cœur du Christ et trouver le Cœur du Christ au milieu des pauvres.
 
Ce qui m’intéresse, c’est de faire la théologie de la vie et de l’expérience des pauvres. Ma détente, c’est d’aller me promener dans la nature. J’aime aussi lire et méditer.
 
Récemment j’ai découvert la spiritualité asiatique et ses méthodes de prière. Ceci m’a aidée à me connaître, centrée sur moi-même, avec toutes les attaches dont je suis esclave et qui peuvent être des obstacles à l’union à Dieu, à la paix du cœur et à l’amour des autres. A travers ce mode de prière, je peux expérimenter davantage et comprendre la philosophie bouddhiste de “l’interdépendance d’origine. »
 
“Inhérente à la condition de Nature existe la Vie. De même l’existence de notre pays est liée à la condition du pays voisin. Mon existence aussi est interdépendante de la vôtre, dans votre condition d’existence. Tel est le Principe de la Vie, le Principe de l’Interdépendance d’origine. »
 
Tel est le principe de l’Univers. Je trouve qu’il y a dans la spiritualité asiatique des réponses aux problèmes écologiques. Et je crois que la préoccupation vitale pour la justice écologique est aussi un moyen d’apporter la paix dans notre monde tellement bouleversé aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle je pratique cette manière de prier.
 
 

Section |Auto-portraits


Province |Corée-Chinoise

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