Vivre aujourd’hui notre charisme

Alors que nous célébrons l’année de la vie consacrée, le Pape François nous stimule, femmes consacrées, être des disciples pleines de joie, être compatissantes, audacieuses et créatives – être médiatrices et témoins de l’amour de Dieu (La Joie de l’Evangile).  Le Pape nous exhorte à avoir le courage de transformer non seulement nos vies personnelles mais aussi les systèmes et structures qui ont soutenu nos communautés (32).  Notre document de formation, La vie qui se déroule, confirme cette invitation, car il dit : “notre vie ensemble est un don et un processus qui nous invite à la transformation constante et, pour cette raison, implique toujours pour nous un defi.” (15)

 

En effet, notre rassemblement pour la réflexion, la prière, la communication et le discernement est un don.  Nous sommes un don chacune à l’autre.  Quels que soient nos différences et nos caractères propres, au fond, nous sommes unies.  Notre présence ici à l’heure actuelle est un moment merveilleux pour s'abreuver à la beauté de notre consécration.  Le charisme et la spiritualité de la Société sont des dons que nous sommes invitées constamment à communiquer.  Les bases essentielles de nos vies et de notre spiritualité comme RSCJ sont de communiquer la spiritualité de Madeleine Sophie et Rose Philippine, ce qui nécessite une relation profonde et éminemment personnelle à Dieu.

 

J’aimerais parler de la Samaritaine, dont le nom n’a pas été divulgué mais qu’on voit parmi les premiers prêcheurs chrétiens (Jean 4).  Apprenons d’elle et de son engagement profond avec Jésus.  Elle rencontre Jésus et va de suite avec passion et conviction communiquer sa rencontre vivante aux autres.  La Samaritaine vivait en marge de sa société, et elle a rencontré Jésus non pas dans un synagogue ni dans un autre lieu saint, mais au bord d'un puits.  Elle est venue au puits exécuter sa tâche ordinaire, quelconque, designee, de chercher de l’eau du puits pour des besoins domestiques.  Elle a dû se demander – et, au début, elle n’était pas très contente – pourquoi Jésus l’y attendait.  À sa grande surprise, Jésus a engagé la conversation avec elle, et au fur et à mesure que la conversation s’approfondissait, son cœur s’ovrait lentement. Jusqu’au point où elle a permis à la présence compatissante de Jésus de lui révéler Dieu d’une façon nouvelle qui allait lui a changer la vie. 

 

La Samaritaine était honnête avec Jésus.  Elle n’avait aucune duplicité.  Comme elle, nous aussi, nous désirons être honnêtes devant Dieu et continuer de « découvrir » Dieu, en priant à Dieu de révéler de nouveau « notre être profond », non pas de façons qui pourraient nous être tentantes, mais même stimulantes et troublantes.  Dieu pourrait nous demander de laisser tomber de vieilles façons d’être, ce qui nous entraînera dans les profondeurs de Dieu et de nous-mêmes, nous transformant encore plus en femmes qui rayonnent de l’amour de Dieu dans notre monde, en femmes joyeuses, en femmes qui vivent de la foi pascale.  Cela n’arrivera que si nous vivons une vie transparente devant Dieu, sans faux image de nous-même.

 

De plus, avec cet engagement profond avec Jésus, la Samaritaine a fini par le reconnaître comme le « Christ ».  Après sa conversation, elle a abandonné sa cruche et est allée vers les autres Samaritains témoigner de “celui qui m’a raconté tout ce que j’ai javais fait” (4:29).  Sa vie a été transformée, et, inspirée, elle est allée annoncer la joie de l’évangile aux autres de la ville.  Elle est devenue disciple de Jésus, la première évangélisatrice des Samaritains.  Grâce à son témoignage, les Samaritains eux-mêmes ont cru que Jésus était le Sauveur du monde (4:42).  Comme la Samaritaine, nous aussi, nous sommes convoquées à ce même engagement alors que nous accueillons la vie nouvelle pour l’avenir naissant, fondée sur la contemplation et la prière.  Nous aussi, nous sommes appelées à être évangélisatrices qui annoncent l’évangile avec joie – de tout notre être.

 

Madeleine Sophie a reçu le don de répondre aux besoins de son époque, et si aujourd’hui nous vivons cette union et ce conformisme alors comme elle, notre réponse sera revitalisée de nouveau.  Notre document de formation nous stimule en disant, “à ce point crucial de l’histoire, Jésus nous appelle toujours être ‘Femmes de Cœur’, nous donnant la possibilité d’écouter de nouveau le rêve de Dieu pour l’humanité, ce qui nous amène à faire déborder d’amour chaque action de notre vie.” (17)

 

Comment faisons-nous cela?  Dans l’Évangile nous voyons que le Royaume de Dieu a un visage humain – la prostituée, le lépreux, la femme qui faisait une hémorragie, les aveugles, les pauvres.  Ceux-ci étaient les marginalisés de la société à l’époque de Jésus.  Les scènes dans l’Évangile sur la vie de Jésus démontrent qu’il comprenait complètement les difficultés subies par les pauvres et qu’il a fait preuve de compassion pour tout son peuple.  Tout comme Jésus cherchait à transformer en répondant aux besoins de son époque, de même faisait Madeleine Sophie:  les études étaient un moyen de transformer la société blessée et injuste où elle vivait, et nous sommes appelées comme éducatrices, à faire de même dans notre réalité actuelle.

 

Nous sommes témoins d'une tension entre vie nouvelle et diminution.  Peut-être que notre témoignage pourrait être la grâce nécessaire pour notre époque.  Ainsi, notre identité prophétique se trouve non seulement en faisant mais aussi en étant, en voyant et en proclamant ce que nous finissons par savoir.  Nous ne pouvons pas le faire seules.  Nous avons besoin l’une de l’autre, nous devons rêver ensemble, nous devons renforcer nos réseaux et notre collaboration.  Le document de formation le rend le mieux quand il affirme: “en communauté nous désirons donner chacune à l’autre du soutien mutuel dans la certitude que le rêve peut être réalisé.”  C’est cela le Cor Unum et c’est cela qui nous animera, nous donnera l’espoir, la vitalité et la joie pour “glorifier le coeur de Jésus dans le  monde” et avec “passion proclamer l’évangile.”