Année de Prière : Semaine 19

St. Rose Philippine Duchesne, acrylic on canvas, by William J. Schickel, 1974

Grâce et Cran : le Mysticisme et la Croix

Un tableau peut-il crier et murmurer ? Celui-ci, oui. Il crie grâce et cran ; il murmure des choses à propos de la croix.

La sévérité de l’habit noir et blanc, le visage angulaire, presque laid, expriment l’austérité qui caractérisait Philippine. Pourtant, il y a aussi une douceur qui parle. Je pense que la qualité communiquée est le courage. Dans son processus de béatification, on a parlé de la « mortification sévère » de Philippine, avec tout ce que cela évoque du jansénisme et du masochisme. La femme représentée dans ce tableau a tout le courage et la détermination nécessaires pour concrétiser sa vision et, pourtant, elle ne semble pas être centrée sur elle-même comme doivent l’être les jansénistes et les masochistes. Tout au long de sa vie, elle a eu le cran de faire ce qui était nécessaire peu importe le prix à payer. C’était ce qu’on fallait faire qui a suscité cette abnégation par laquelle nous nous identifions à elle. Le tableau a une qualité mystique. La position presque bizarre de la tête – orientée simultanément à l’intérieur et à l’extérieur de la coiffe – indique que « l’intérieur » et « l’extérieur » ne font qu’un. Il est difficile de dire dans quelle direction elle regarde. L’impression ressentie est celle d’une femme qui fait partie à la fois de ce monde et d’un autre monde. Il n’est pas difficile de l’imaginer comme « la femme qui prie toujours ».

Le tableau contient un message subtil à propos de la croix. En réalité, il n’y a pas de croix sur cet habit. Là où elle devrait être, sur le cœur, se trouve une feuille de chêne. D’une couleur et d’une taille discrètes, cette « croix » n’attire pas notre attention. Que l’artiste ait eu cette intention ou non, je ne le sais pas. Mais ce détail m’a frappée. La croix est une feuille de chêne, ce qui rappelle bien sûr son nom. Le message passé est que sa propre façon d’être était la croix – comme c’est le cas, je pense, pour la plupart d’entre nous. Cette feuille de chêne présente sur le cœur évoque une paix subtile. Il n’y a rien d’étonnant à voir une feuille là où devrait se trouver une croix. Le tableau me murmure un message. Accepter sa nature – avec tous les défauts et la flamboyance propres à Philippine – a transformé le plus profond de son être en cœur et croix du Christ.

Nance O’Neil rscj

 


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