À Famatina comme à Malanzán, la vie ecclésiale était extrêmement importante. Nous n’hésitions pas à faire des kilomètres (300) pour nous rencontrer une fois par mois lors des réunions de décanat et périodiquement lors des réunions religieuses ou diocésaines. Nous avions également l’habitude de recevoir des visites de l’évêque et de partager des moments avec les prêtres. Nous vivions réellement l’Église en coresponsabilité, où nous participions non seulement aux activités pastorales, mais aussi à la planification et aux décisions (aujourd’hui, nous dirions « Église circulaire »).
Considérant qu’il s’agissait de mes premières insertions et que l’époque coïncidait avec le post-concile, je pense pouvoir dire que nous étions en train de créer notre propre vie religieuse… Nous n’avions pas d’autres principes que l’évangile et les 5 options merveilleuses du Chapitre de 1970. La Société et l’Église étaient en crise. Le pays brûlait. Mais c’était une époque de grande créativité et de responsabilité personnelle et communautaire.
Pour donner un exemple concret, je me souviens qu’à cette époque nous vivions toujours une situation de tension entre l’engagement envers le peuple et l’église de La Rioja et l’engagement envers la province ARU… Nous devions trouver un certain équilibre. Nous avons eu un grand maître, en la personne de Monseigneur Angelelli, qui estimait énormément la vie consacrée. De plus, les orientations de la Provinciale comme celles de la Mère générale et de son équipe nous étaient d’une grande aide.
Vers la fin de mon séjour à La Rioja, l’expérience du martyre a marqué ma vie et ma spiritualité pour toujours. Après l’assassinat des prêtres Carlos Murias et Gabriel Longeville à Chamical, j’ai dû rester deux semaines dans la communauté des sœurs joséphines pour les accompagner, tandis que Mgr Angelelli prenait en charge la paroisse. Ce furent des jours de grande prière et de réflexion, de souffrance et d’attente du pire, de préparation à la mort…
Finalement, le 4 août, Jésus a choisi l’évêque pour donner sa vie à son peuple. L’expérience de la persécution, pour avoir vécu l’évangile et en assumer les conséquences, a été très forte. Et l’absence du pasteur m’a brisé le cœur à jamais et a conforté mes choix.
Traduit et republié avec permission.
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