Mise à jour Covid-19 : Ouganda - Kenya

Au 31 mars 2020

Je vous écris pour vous transmettre les salutations et les nouvelles de la province d'Ouganda–Kenya. Nous prions pour vous toutes, afin que Dieu vous protège contre le Covid-19. Nous remercions le Conseil général, qui communique constamment avec nous, et sommes heureuses qu’elles soient rentrées à la Maison Mère. Jusqu’à présent, chacune de nous se porte bien et essaie de prendre toutes les précautions possibles contre ce virus.

À partir de la deuxième semaine de mars, nous avons commencé à paniquer, car les premiers cas de Covid-19 sont apparus dans les pays voisins. Le 13 mars, le premier cas a été déclaré au Kenya : une jeune femme de retour d’Angleterre. Au fil des jours, d’autres cas ont été signalés par le ministère de la Santé en Ouganda et au Kenya.

En observant et en écoutant le nombre croissant de cas de Covid-19 dans d’autres pays, nous avons commencé à avoir peur car nos aéroports étaient ouverts et de nombreux vols continuaient d’entrer et de sortir. Nous avons commencé à recevoir des messages des médias nous invitant à prendre de sérieuses précautions (mettre un masque, se laver les mains, se désinfecter les mains, ne pas se serrer la main, etc.)

Le pic du Covid-19 est arrivé peu après le décret de l’Archevêque de Kampala et Nairobi indiquant que tous les fidèles devaient recevoir l’Eucharistie non plus dans les mains, mais sur la langue. Je tiens à vous dire que ce décret a été source de conflits. Beaucoup d’entre nous se demandaient comment nous pouvions recevoir Jésus sur la langue avec ce virus à nos portes. Au milieu de la confusion, le gouvernement a ordonné à tous les lieux de grands rassemblements de mettre des désinfectants à chaque entrée. En voyant des désinfectants à l’entrée de notre église, avec un avertissement « À n’utiliser qu’au moment d’entrer et qu’une seule fois car cela coûte très cher », le prêtre de notre paroisse ne savait pas comment se comporter par rapport à ce décret. Certaines d’entre nous ont décidé de recevoir Jésus dans la main et, en cas de refus, nous étions prêtes à cesser de recevoir Jésus. Nous voulions parler au nom de ceux qui n’ont pas de voix en action. Avant la révision du décret, l’une des directives du président a été de fermer tous les lieux de culte. Après quelques jours, la Conférence des Évêques d'Ouganda a donné ses directives, dont l’une était d’empêcher les fidèles de recevoir l’Eucharistie sur la langue. Nous prions pour que nous puissions recevoir l’Eucharistie dans nos mains, même après la crise.

Les présidents de nos deux pays se sont adressés aux Nations avec une variété de mesures de contrôle, dont la fermeture de tous les établissements scolaires, des lieux de culte et de grands rassemblements, des pensionnats, etc. Toutes nos sœurs travaillant dans les écoles ont dû, non sans peine, appeler d’urgence les parents pour qu’ils viennent chercher leurs enfants.

Au Kenya et en Ouganda, comme dans d’autres pays, nos présidents ont été vigilants et nous ont constamment interpellés sur les mesures de contrôle. Les cas de Covid-19 ont été mis en quarantaine dans des lieux communs et quelques-uns à leur domicile. À partir du 24 mars au soir, tous les transports publics, y compris les Boda Bodas (motos), ont été interrompus en Ouganda et au Kenya. Le président a imposé un couvre-feu qui commence à 19h00 et se termine à 5h00 du matin. Ces mesures ont été renforcées par la police et l’armée dans les deux pays, ce qui a eu un effet à la fois positif et négatif. Dans certains endroits, la police a battu violemment ceux qui n’ont pas suivi les directives. De nombreuses personnes se sont retrouvées bloquées dans les rues, à la recherche de moyens de transport pour rentrer à leur domicile d’origine dans les villages ; cela a été un moment très douloureux. Les commerçants ont augmenté les prix de la plupart des produits de première nécessité, rendant la vie difficile à la majorité des gens qui, de plus, sont sans emploi ou des travailleurs occasionnels. Marcher pour se rendre au travail est difficile, voire impossible, car il n’y a pas de transport public. Le secteur de la santé est davantage touché car les travailleurs de la santé ont du mal à atteindre les centres médicaux. En Ouganda, nous manquons de matériel médical pour dépister le Covid-19 et n’avons qu’un seul hôpital dans tout le pays.

Aujourd’hui, au moment où je vous écris, l’Ouganda compte 30 cas. Parmi eux, un bébé de huit mois qui a contracté la maladie par le biais de son père qui avait voyagé à l’étranger. Le Kenya compte 38 cas et un décès. Tous les cas sont importés. Nous craignons être en période d’incubation et nous nous attendons à ce que d’autres cas se déclarent dans les jours à venir, car tous les cas actuels ont été en contact avec certaines personnes d’une manière ou d’une autre. Nous nous attendons à plus de restrictions, si les cas de Covid-19 augmentent dans les deux pays.

Ce que font toutes les RSCJ en cette période de défi :

Jusqu’à présent, tout le monde va bien : nous, les familles, les collaborateurs, les étudiants, etc. Nous restons à la maison et ne pourrons jamais assez remercier Dieu d’avoir tout ce dont nous avons besoin, mais nous n’oublions pas ceux qui ont faim, ceux qui vivent des situations désespérées dans les hôpitaux et ceux qui n’ont accès à aucun équipement médical par manque de transport.

Nous avons intensifié la prière. Certaines communautés ont une adoration perpétuelle, d’autres ont des adorations périodiques et d’autres moyens de prier. Certaines communautés ont des messes privées dans les communautés (seulement celles qui sont très proches des églises paroissiales et qui vivent dans la même enceinte que les prêtres, avec un petit nombre de personnes qui respectent la distanciation sociale). D’autres communautés ont des para- liturgies et assistent aux messes célébrées à la télévision.

Nous sommes unies avec le monde entier et surtout avec les pays les plus touchés par ce virus. Nous voyons une partie de ce qui se passe dans ces pays à la télévision et sommes restées sans voix. Avec un amour et un soin particuliers, nous sommes unies à la Société et surtout aux provinces des pays où le nombre de morts augmente d’heure en heure. Nous regardons le Cœur transpercé de Jésus avec espoir et mettons tous nos cris en Lui, qui est le seul à avoir le remède éternel.

Nous vivons une période d’incertitude, car nous ne savons pas ce qui se passera demain ou la semaine prochaine. Nous prenons de plus en plus conscience de notre dépendance totale à l’égard de Dieu. Paradoxalement, cette période a renouvelé notre mode de vie. Nous vivons plus que jamais ensemble, nous prenons soin les unes des autres et prenons tous nos repas ensemble. Nous passons plus de temps ensemble et faisons plus de choses ensemble qu’avant. Nous devenons plus contemplatives et vivons les quatre Appels de notre Chapitre 2016 à un autre niveau, plus profond qu’avant. Nous vivons plus humainement et renouvelons nos relations, nous avons plus de temps pour le silence, assises devant le Seigneur à contempler sans paroles. Il y a moins de bruit dans notre quartier. Nous sommes et agissons comme Un Seul Corps et avons atteint de nouvelles frontières d’une manière ou d'une autre. Nous sommes unies dans la solidarité ; les classes sociales ou économiques sont innombrables et l’œcuménisme a été renforcé. C’est la voie à suivre alors que nous nous préparons aux nouvelles manières de nous organiser dans un monde segmenté en différents types.

Cette situation a éveillé en nous la nécessité d’utiliser la technologie. Lors de sa précédente réunion, le Comité du chapitre provincial a tenu une réunion via Skype. Nous remercions le Conseil général et la Équipe internationale de communication pour tous les efforts qu’ils font pour nous donner plus de compétences technologiques. La plupart des sœurs travaillent à domicile, les étudiants suivent des cours en ligne et les gouvernements ont encouragé les établissements à donner des cours aux étudiants en utilisant différents médias, comme la radio, Internet, etc. C’est beaucoup plus difficile pour un grand nombre d’étudiants, sachant que beaucoup n’ont ni ordinateur ni smartphone, avec des réseaux instables ou inexistants.

Gardons-nous les unes les autres dans l’amour et la prière et trouvons l’espérance dans notre créateur.

Unies dans la Trinité.

Anamaria Nankusu rscj, au nom de toutes les sœurs de la province Ouganda/Kenya
 
 
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