En décembre 2014-2015 je visitai avec ma famille le Cambodge afin d’y trouver un poste d’enseignement d’anglais dans une école. Pour comprendre le Cambodge actuel, il nous faut connaître auparavant le passé violent que ce pays a vécu.
De 1975 à 1979 Camboya a été gouverné par les Khmers Rouges, parti politique dirigé par Pol Pot. Durant ces quatre années, plus d’un million sept cent mille personnes, hommes, femmes, enfants, étrangers ou non, périrent assassinés et toutes les écoles furent fermées. Ce génocide a eu d’énormes répercussions qui continuent à affecter aujourd’hui le pays.
L’école dans laquelle nous avons enseigne pendant quelques années se trouve à la Périphérie de Phnom Penh, capitale du Cambodge. L’école verse à chaque famille de tout élève 50 Kg de riz par mois, afin que les enfants viennent à l’école. Sans cela, les parents préfèreraient garder leurs enfants à la maison afin qu’ils apportent le gain de leur travail pour soutenir la famille.
Pendant cette période où j’enseignais dans cette école de la périphérie, un élève a tout particulièrement attiré mon attention. Je n’ai plus la moindre idée de la manière dont il était vêtu, ni même de son nom, mais il reste gravé en moi pour toujours. Il était assis au fond d’une salle de classe de petites dimensions ; concentré, il travaillait tranquillement, sans perdre une minute. Il était discret, et ne parlait presque pas avec les autres élèves, pas plus en récréation qu’en classe. J’ai voulu m’assurer que tout allait bien pour lui et, dans ce but, je me mis un jour à parler avec lui à la fin des cours. Il m’a dit qu’il n’avait qu’un objectif : apprendre tout ce qu’il pouvait, afin de parvenir à faire vivre sa famille plus tard. Voir ce jeune qui n’avait que deux ans de moins que moi m’impressionna par sa générosité envers sa famille et sa ferme intention de recevoir une éducation. Nombreux étaient les jeunes qui partageaient sa détermination.
Même si leurs parents ne connurent pas l’accès à l’instruction et à l’éducation, les enfants du Cambodge peuvent et veulent surmonter ce vide de formation. Ceux que j’ai eus pour élèves pendant les deux dernières années étaient réellement avides d’apprendre. Malgré la rareté des instruments d’écriture, de livres de textes et de pupitres, les garçons jouissaient de l’éducation et de l’instruction auxquelles ils accédaient.
Il nous arrive de considérer l’éducation comme un service normalement assuré, mais à combien de personnes de notre monde ce droit n’est-il pas refusé ! J’ai constaté par expérience que l’on peut transformer des individus et des groupes, de manière à leur permettre de surmonter les difficultés passées, et de créer un avenir plus lumineux dans lequel, et les personnes qui les entourent, pourront briser le cycle de la pauvreté.
Province |Australie/Nouvelle Zélande